Parviz Ghadirian, Ph.D.
Directeur,
Unité de recherche en épidémiologie, Centre de recherche, Centre
hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) – Hôtel-Dieu ;
Professeur, Département de nutrition, Faculté de médecine, Université de
Montréal
Le
cancer du côlon est le troisième cancer le plus fréquent chez les
hommes et les femmes et la deuxième principale cause de mortalité dans
le monde occidental. En 2009, au Canada, on estime à 22 000 le nombre de
personnes qui seront atteintes d’un cancer du côlon (12 100 hommes et 9
900 femmes). Le taux d’incidence de ce cancer est plus élevé chez les
hommes que chez les femmes (62 contre 41, respectivement, par 100 000
cas annuels)1.
Bien que le bagage génétique joue un rôle clé, des facteurs
environnementaux tels qu’une alimentation saine et de l’activité
physique pourraient avoir un effet encore plus important sur la
prévention du cancer2.
Le rôle des produits laitiers dans l’étiologie du cancer du côlon
Un rapport récent du Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer et de l’American Institute of Cancer Research portant sur le cancer et la nutrition a conclu que : « le lait a probablement un effet protecteur contre le cancer colorectal » 2.
Une méta-analyse regroupant 60 études épidémiologiques (n > 26 000) a démontré une réduction de 22 % du risque chez les adultes qui consommaient des quantités plus élevées de lait (RR sommaire = 0,78; IC à 95 %, 0,67-0,92) et une réduction de 16 % du risque chez les personnes qui consommaient des quantités plus élevées d’autres produits laitiers (RR sommaire = 0,84; IC à 95 %, 0,75-0,95)3. De façon similaire, dans une vaste étude de cohorte prospective effectuée récemment (n > 36 000), on a observé une réduction de 28 % du risque de cancer du côlon chez les femmes qui consommaient des quantités plus élevées de produits laitiers (RR = 0,72; IC à 95 %, 0,61-0,84; p < 0,001) et une réduction de 15 % du risque chez les hommes (RR = 85; IC à 95 %, 0,76-0,95; p = 0,01)4. De plus, une analyse rassemblant 10 études prospectives (n ~ 5 000) réalisées dans cinq pays a également révélé que les personnes qui consommaient au moins un verre de lait (250 ml) par jour présentaient 15 % moins de risque de développer un cancer du côlon (RR = 0,85; CI à 95 %, 0,78-0,94; p = 0,001) que celles qui buvaient peu (< 70 ml par jour) ou pas de lait. Fait intéressant à noter, chaque portion supplémentaire de 500 ml de lait par jour était associée à une réduction supplémentaire du risque de 12 %5. Une récente étude de cohorte effectuée à Shanghai et comptant > 73 000 femmes adultes a démontré que la consommation de lait était inversement associée à l’incidence de cancer du côlon (RR = 0,80; IC à 95 %, 0,4-1,3; ptendance = 0,05)6.
Mécanismes potentiels
Les composantes des produits laitiers qui pourraient expliquer cet effet bénéfique comprennent le calcium, la vitamine D, l’acide butyrique, les sphingolipides, les probiotiques et les acides linoléiques conjugués (ALC)7. À ce jour, la recherche suggère un effet synergique entre le calcium et la vitamine D dans la prévention du cancer du côlon8. Une étude menée à l’aide des données de la Swedish Mammography Cohort, regroupant 60 708 femmes et comprenant une période de suivi d’environ 15 ans, indique que la consommation de produits laitiers à teneur plus élevée en gras (en particulier le fromage) et les ALC contenus dans le gras laitier représentent également des facteurs importants dans la réduction du risque. Les femmes qui consommaient > 4 portions de produits laitiers à teneur plus élevée en gras présentaient un risque réduit de 41 % d’avoir un cancer colorectal, comparativement aux femmes qui consommaient quotidiennement < 1 portion de produits laitiers à teneur plus élevée en gras (RR = 0,59; IC de 95 %, 0,44-0,79; ptendance = 0,002) ; et ce, même après avoir contrôlé pour les apports en calcium et en vitamine D.
Faits saillants
Des données scientifiques fiables suggèrent que le lait et les produits laitiers pourraient jouer un rôle significatif dans la réduction du risque de cancer du côlon.
L’impact le plus important a été démontré sur le risque de cancer du côlon distal.
Des études supplémentaires contribueront à préciser les mécanismes responsables de ces bienfaits mais jusqu’à maintenant, le calcium, la vitamine D et les ALC semblent être des facteurs importants.
RÉFÉRENCES
Société canadienne du cancer. Statistiques. 2009. http://www.cancer.ca/canada-wide/about%20cancer/cancer%20statistics/stats%20at%20a%20glance/colorectal%20cancer.aspx?sc_lang=fr-CA
Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer et American Institute for Cancer Research. Food, nutrition, physical activity, and the prevention of cancer. A global perspective. Washington, DE: AICR, 2007.
Huncharek M et coll. Colorectal cancer risk and dietary intake of calcium, vitamin D, and dairy products: a meta-analysis of 26,335 cases from 60 observational studies. Nutr Cancer 2009;61(1):47-69.
Park Y et coll. Dairy food, calcium and risk of cancer in the NIH-AARP diet and health study. Arch Int Med 2009;169(4):391-401.
Cho E et coll. Dairy foods, calcium and colorectal cancer: a pooled analysis of 10 cohort studies. J Natl Cancer Inst 2004;96:1015-1022.
Lee SA et coll. Animal origin foods and colorectal cancer risk: a report from the Shanghai Women’s Health Study. Nutr Cancer 2008;61(12):194-205.
Pufulete M. Intake of dairy products and risk of colorectal neoplasia. Nutr Res Rev 2008;21:56-67.
Grau MV et coll. Calcium supplementation and colorectal adenomas: results of a randomized trial. J Natl Cancer Inst 2003;95:1765-1771.
Larsson SC et coll. High-fat dairy food and conjugated linoleic acid intakes in relation to colorectal cancer in the Swedish Mammography Cohort. Am J Clin Nutr 2005;82:894-900.
Le rôle des produits laitiers dans l’étiologie du cancer du côlon
Un rapport récent du Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer et de l’American Institute of Cancer Research portant sur le cancer et la nutrition a conclu que : « le lait a probablement un effet protecteur contre le cancer colorectal » 2.
Une méta-analyse regroupant 60 études épidémiologiques (n > 26 000) a démontré une réduction de 22 % du risque chez les adultes qui consommaient des quantités plus élevées de lait (RR sommaire = 0,78; IC à 95 %, 0,67-0,92) et une réduction de 16 % du risque chez les personnes qui consommaient des quantités plus élevées d’autres produits laitiers (RR sommaire = 0,84; IC à 95 %, 0,75-0,95)3. De façon similaire, dans une vaste étude de cohorte prospective effectuée récemment (n > 36 000), on a observé une réduction de 28 % du risque de cancer du côlon chez les femmes qui consommaient des quantités plus élevées de produits laitiers (RR = 0,72; IC à 95 %, 0,61-0,84; p < 0,001) et une réduction de 15 % du risque chez les hommes (RR = 85; IC à 95 %, 0,76-0,95; p = 0,01)4. De plus, une analyse rassemblant 10 études prospectives (n ~ 5 000) réalisées dans cinq pays a également révélé que les personnes qui consommaient au moins un verre de lait (250 ml) par jour présentaient 15 % moins de risque de développer un cancer du côlon (RR = 0,85; CI à 95 %, 0,78-0,94; p = 0,001) que celles qui buvaient peu (< 70 ml par jour) ou pas de lait. Fait intéressant à noter, chaque portion supplémentaire de 500 ml de lait par jour était associée à une réduction supplémentaire du risque de 12 %5. Une récente étude de cohorte effectuée à Shanghai et comptant > 73 000 femmes adultes a démontré que la consommation de lait était inversement associée à l’incidence de cancer du côlon (RR = 0,80; IC à 95 %, 0,4-1,3; ptendance = 0,05)6.
Mécanismes potentiels
Les composantes des produits laitiers qui pourraient expliquer cet effet bénéfique comprennent le calcium, la vitamine D, l’acide butyrique, les sphingolipides, les probiotiques et les acides linoléiques conjugués (ALC)7. À ce jour, la recherche suggère un effet synergique entre le calcium et la vitamine D dans la prévention du cancer du côlon8. Une étude menée à l’aide des données de la Swedish Mammography Cohort, regroupant 60 708 femmes et comprenant une période de suivi d’environ 15 ans, indique que la consommation de produits laitiers à teneur plus élevée en gras (en particulier le fromage) et les ALC contenus dans le gras laitier représentent également des facteurs importants dans la réduction du risque. Les femmes qui consommaient > 4 portions de produits laitiers à teneur plus élevée en gras présentaient un risque réduit de 41 % d’avoir un cancer colorectal, comparativement aux femmes qui consommaient quotidiennement < 1 portion de produits laitiers à teneur plus élevée en gras (RR = 0,59; IC de 95 %, 0,44-0,79; ptendance = 0,002) ; et ce, même après avoir contrôlé pour les apports en calcium et en vitamine D.
Faits saillants
Des données scientifiques fiables suggèrent que le lait et les produits laitiers pourraient jouer un rôle significatif dans la réduction du risque de cancer du côlon.
L’impact le plus important a été démontré sur le risque de cancer du côlon distal.
Des études supplémentaires contribueront à préciser les mécanismes responsables de ces bienfaits mais jusqu’à maintenant, le calcium, la vitamine D et les ALC semblent être des facteurs importants.
RÉFÉRENCES
Société canadienne du cancer. Statistiques. 2009. http://www.cancer.ca/canada-wide/about%20cancer/cancer%20statistics/stats%20at%20a%20glance/colorectal%20cancer.aspx?sc_lang=fr-CA
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Larsson SC et coll. High-fat dairy food and conjugated linoleic acid intakes in relation to colorectal cancer in the Swedish Mammography Cohort. Am J Clin Nutr 2005;82:894-900.
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