lundi 20 janvier 2014

LE PLAN CANCER ALGERIE 2015-2019

Le Pr Zitouni évoque un “défi et une rude bataille à gagner"

Ce que recommande le plan cancer 2015-2019

Par : Malika Ben
Rien n’a été laissé au hasard par le professeur Zitouni et son équipe. Des propositions ont été faites pour remédier à toutes les lacunes et autres dysfonctionnements recensés sur le terrain.

C’est lors d’un Conseil des ministres tenu le 26 décembre 2012 que le Pr Messaoud Zitouni a été désigné par le président de la République pour “assurer le suivi et l’évaluation du plan national cancer et proposer toutes les mesures utiles à l’effet d’améliorer la qualité des soins et du suivi des patients”. Délicate et dure mission que le professeur et son équipe n’ont eu aucun mal à accomplir une année après. Le plan cancer 2015-2019 a été remis à Abdelaziz Bouteflika il y a environ deux mois. Le professeur Abid est revenu sur les grandes lignes de ce plan national proposé au premier magistrat du pays.
La conclusion du professeur est sans appel : “L’état des lieux a permis de constater que le pays disposait d’atouts non négligeables en termes d’infrastructures, d’équipements, de ressources humaines et même de disponibilités financières. Atouts et ressources mal utilisés en raison essentiellement d’un défaut d’organisation.” Sa conviction est : “La réussite de ce plan est pour nous un défi et une rude bataille que nous devons gagner, car elle sera la locomotive qui mènera tout notre système de santé vers des changements auxquels nous aspirons tous.” Et pour lancer la bataille, pas moins de 7 groupes de réflexion multidisciplinairs et multisectoriels ont été mis en place pour faire des propositions-actions par rapport à des thèmes précis : le parcours du malade, les tâches des professionnels, la communication, le financement, la formation, la recherche, la prévention et la réglementation. Le professeur Abid parlera d’abord des caractéristiques de la maladie cancéreuse.
Il s’agit d’un problème de santé publique dont la progression est importante et continue. Elle a une réputation de gravité et un sentiment ; ses causes sont diverses, ses méthodes de diagnostic, de thérapie et de suivi sont multiples, ses charges financières sont lourdes et en constante augmentation, risquant de déséquilibrer l’architecture financière du système de santé. Selon le même conférencier l’Algérie est un pays d’incidence moyenne :  45 000 nouveaux cas par an depuis 2013 alors qu’il était de 130 sur 100 000 habitants en 2010. Cependant, “l’incidence des
4 premiers cancers est identique à celle des pays industrialisés”. Le cancer du poumon, colorectal, de la vessie et de la prostate sont les plus répandus chez les hommes. Chez la femme ce sont : le cancer du sein, du col de l’utérus, de la thyroïde, le cancer colorectal et de l’ovaire.
Les enfants sont, quant à eux, touchés par le cancer du système hématopoïétique, des ganglions lymphatiques, de l’encéphale, de l’os et du rein. Le pronostic de 7 cancers (entre autres : poumon, col de l’utérus, sein, prostate et vessie), représentant 70% de cette maladie, peut être amélioré par la prévention, le dépistage et la détection précoce.
Pour ce qui est du volet relatif au parcours du malade, le professeur relèvera plusieurs anomalies : les dysfonctionnements liés à des problèmes d’organisation et à l’absence d’une réelle coordination intersectorielle, la non-communication de l’information sanitaire aux registres du cancer, le manque d’information fournie aux patients, les disparités régionales des ressources et de l’organisation des soins, le retard diagnostic du fait de la non-existence d’un réseau cancer, pénurie de médicaments… Il faudrait donc investir fortement en amont dans la prévention primaire et maîtriser en aval le coût des thérapies par élaboration de consensus diagnostic et thérapeutique.

Les propositions préliminaires
Le plan cancer national dresse plusieurs recommandations et propositions en vue d’améliorer la prise en charge des malades et la lutte contre cette maladie. Nous citerons notamment : la mise en place des programmes de prévention contre les facteurs de risque, la facilitation du parcours du malade, le raccourcissement des délais diagnostic, la redynamisation du traitement et l’augmentation du financement. D’autres recommandations pourraient être faites par des groupes d’experts par rapport au vécu des patients et parcours de soins, les tâches des professionnels, la règlementation, la prévention, la formation, la recherche, le financement et la communication.

Des mesures thématiques et autres

Le plan cancer propose aussi des mesures thématiques portant sur la veille épidémiologique permanente, la prévention-dépistage, l’accueil, le traitement chirurgical, la radiothérapie, les soins palliatifs… Il est recommandé, entre autres l’institutionnalisation d’un registre du cancer, la mise en place d’un dossier médical patient unique et informatisé, installation d’un système d’information sur les cancers liés à l’environnement et ceux associés à des facteurs de risques professionnels avec les deux secteurs concernés, le renforcement du programme national de lutte contre le tabac, développer le dépistage des cancers prévalents, ouverture de laboratoires, dispenser la chirurgie carcinologique dans les EPH et les EHP...  En un mot, rien n’a été laissé au hasard et d’innombrables suggestions ont été faites par les différents groupes qui ont mis en place le plan cancer, et ce, à la lumière de toutes les lacunes et dysfonctionnements recensés sur le terrain. Reste à savoir quand interviendra la mise en application de ce premier plan national de cancer.
M. B

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